Les personnes «perçues comme non-blanches» incarnent trop souvent des rôles négatifs à la télévision et restent aussi peu nombreuses qu’en 2014, regrette le Conseil supérieur de l’audiovisuel dans un rapport paru la semaine dernière.

Pour la première fois, le Conseil suggère une «modification législative», «qui lui permettrait d’exiger davantage de la part des diffuseurs». Pour l’heure, les chaînes doivent simplement prendre des engagements volontaires chaque année sur le thème de la diversité.

«Il faut aller chercher les concessions une par une auprès des chaînes, puisque nous n’avons pas assez d’appui dans la loi», a expliqué à l’AFP Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité.

S’agissant des «attitudes», «celles qui sont négatives sont incarnées à 29% par des personnes perçues comme +non-blanches+ alors que les attitudes positives ne le sont qu’à 12% pour les personnes perçues comme +non-blanches+», relève le Conseil dans ce premier rapport annuel sur la diversité remis au Parlement.

«Si le taux de personnes perçues comme +non-blanches+ est de 21% pour les figurants, il n’est que de 9% pour les héros», poursuit le régulateur, et le taux de personnes perçues comme non-blanches atteint 37% «s’agissant des activités considérées comme marginales ou illégales».

Les programmes audiovisuels sont en outre globalement peu représentatifs de la diversité de la société française, note le CSA, et les chiffres ont stagné en 2015.

Seulement 14% de personnes présentes sur les écrans étaient perçues comme «non-blanches», comme en 2014, et légèrement plus représentées par des hommes (16%) que par des femmes (13%).

Le CSA relève également que, «plus une émission représente une catégorie sociale élevée, moins la part des personnes perçues comme non-blanches est importante».

Le Conseil s’est également intéressé à la représentation des personnes perçues comme handicapées, qui comptent pour seulement 0,4% des individus indexés, un chiffre bien inférieur à la proportion de Français touchés par un handicap.

«La prise de conscience est extrêmement tardive», estime Mémona Hintermann, de retour de missions d’observation en Allemagne et aux Etats-Unis. «On a longtemps considéré la télévision comme un instrument mineur», alors qu’elle est «un instrument de cohésion sociale», affirme-t-elle.

Le CSA souhaite que les chaînes prennent des engagements «chiffrés et concrets» sur la diversité, et qu’ils soient notamment intégrés aux prochaines conventions de diffusion que négocieront les chaînes avec le régulateur.

Le baromètre de la diversité 2015 a été réalisé à partir du visionnage des 16 chaînes de la TNT gratuite et de Canal+, pendant deux semaines d’avril et de mai 2015, durant les tranches horaires de 17H00 à 23H00, publicités et divertissements exclus, et des JT de la mi-journée. Soit environ 1.100 heures de programmes, précise dans son rapport le CSA, qui réalisait depuis 2012 un baromètre annuel mais n’effectuait pas de recommandations.

Source: AFP