Qui sommes-nous

Nous croyons suivre des raisonnements logiques, et pourtant nous nous trompons : notre esprit accorde trop d’importance à certaines informations, et pas assez à d’autres. Voici ses principaux biais.

1. Le biais de représentativité

Paul est réservé, méticuleux, cultivé et solitaire. A votre avis, est-il bibliothécaire, commerçant ou pilote de ligne ? La plupart des gens répondent bibliothécaire, alors qu’en réalité, la réponse ayant la plus forte probabilité d’être  exacte est commerçant, ces derniers étant bien plus nombreux que les bibliothécaires et les pilotes de ligne. Ce biais de représentativité nous pousse à baser notre jugement sur des stéréotypes plutôt que sur les statistiques.

2. Le biais d’ancrage

On demande aux visiteurs d’un centre de protection des oiseaux combien ils sont prêts à donner pour soutenir le projet. Résultat : 64 dollars en moyenne. En revanche, si on leur propose de donner 400 dollars, la moyenne grimpe à 143 dollars, alors qu’elle tombe à 20 dollars quand on leur suggère de donner au moins 5 dollars… Pour les psychologues, le premier chiffre avancé influence les réponses.

Une astuce connue des professionnels du marchandage.  En annonçant un prix élevé, le vendeur crée un ancrage qui conduit l’acheteur à surestimer la valeur du bien. Mieux vaut parler le premier pour créer soi-même l’ancrage, après avoir estimé le montant qu’on est prêt à dépenser.

3. Le biais de confirmation

En 2015, une étude du professeur Séralini fait la une des journaux : il affirme détenir la preuve du pouvoir cancérogène des OGM. Voyant confirmé ce contre quoi ils se battent, les écologistes approuvent, même si cette étude  n’a pas démontré le danger des OGM. Chacun d’entre nous a tendance à faire un tri dans les informations reçues, sélectionnant celles qui confirment nos hypothèses. Un processus qui n’épargne pas les scientifiques.

4. Le biais d’aversion pour la perte

La peur de perdre est mauvaise conseillère. La preuve a été faite avec une étude menée entre 1987 et 1993 à l’université de Berkeley (Californie) sur des investisseurs américains. Ces derniers avaient tendance à conserver dans leur portefeuille leurs actions les moins performantes, afin de ne pas  souffrir de leur vente à perte, préférant en vendre d’autres, au rendement meilleur. Résultat, la rentabilité des titres conservés était en moyenne inférieure de 3,4 % à celle des titres vendus. L’investisseur cherche à se convaincre que la baisse d’une valeur est passagère, quitte à perdre gros.

5. Le biais de cadrage

Deux groupes de personnes sont interrogés sur la décision à prendre alors qu’une maladie pourrait causer la mort de 600 personnes. Dans le premier groupe, les participants ont le choix entre l’option A, qui permet de sauver 200 personnes, et l’option B, qui a 33 % de chances de sauver 600 personnes, mais 66 % de risques de ne sauver personne. 72 % des participants choisissent l’option A.

Dans le second groupe, l’option A provoque la mort de 400 personnes, tandis que l’option B induit 33 % de chances pour que personne ne meure et 66 % de risques que tout le monde meure. 78 % des sujets choisissent alors l’option B alors que les probabilités de survie soumises aux deux groupes étaient identiques. Conclusion : la façon dont on énonce une question influence la réponse.

6. Le biais de négligence du taux de base

Après un dépistage d’une maladie touchant une personne sur 10 000, vous recevez un courrier vous annonçant que ce test, efficace à 99 %, est positif. L’inquiétude vous saisit : la probabilité que vous soyez malade vous semble de 99 % ! Or, elle est en réalité inférieure à… 1 %.  L’erreur vient de ce que nous oublions une information essentielle : la fréquence du phénomène, soit 1 sur 10 000.

Donc si 10 000 personnes passent ce test, il y en aura en moyenne une qui sera atteinte de la maladie et pour laquelle le test sera positif. Mais comme celui-ci n’est fiable qu’à 99 %, il se révélera aussi positif (à tort) pour une centaine de personnes parmi les 9 999 non touchées, qui recevront la lettre. La fiabilité d’un test n’indique donc pas la probabilité que l’événement testé ait eu lieu…

7. Le biais de disponibilité en mémoire

Quand un crash d’avion se produit, nous avons tendance à surestimer la probabilité qu’un autre accident survienne. Or il n’a pas plus de chance d’arriver  que la semaine d’avant. Cette tendance à privilégier les informations les plus récentes s’accroît lorsque des événements nous touchent personnellement.

D’après Science & Vie QR n°22 « Le génie & ses mystères »