Qui sommes-nous

 

 

Ceux qui nous ressemblent, ce qui nous rassemble.

Le biais pro-endogroupe.

 

Cette semaine j’avais envie de vous parler d’un biais omniprésent dans notre quotidien, à tel point que nous en oublions sa portée.

Il n’y a pas une journée sans qu’il influence nos prises de décisions, sans qu’il s’immisce dans nos pensées.

Celui qui joue avec nos nerfs quand les gens du marketing demandent une 22ème modification du document.

Celui qui nous rend dingues quand ceux de la compta nous font chercher 20 minutes un justificatif d’1€80.

Celui qui nous rassure quand une candidature d’une personne de notre ancienne école arrive dans notre boite mail.

Celui qui nous fait tout oublier quand un membre de la famille a besoin de nous.

Celui qui nous fait croire « qu’en province ils ont encore des progrès à faire ».

Celui qui nous chuchote « c’est dans leur culture ».

Celui qui nous dit « les femmes sont quand même plus maternantes ».

Celui qui nous inspire quand quelqu’un de brillant nous ressemble.

Celui qui nous fait changer pour nous faire sentir « normal ».

 

On peut l’appeler « biais pro-endogroupe » si on aime les dénominations agréables ou « erreur ultime d’attribution » si on préfère celles plus percutantes.

Nos endogroupes sont multiples et diffèrent selon qu’on parle de politique, de religion, de sport, de genre, d’origines, de travail en entreprise…

Ils sont essentiels dans notre vie sociale, ils nous permettent de nous sentir appartenir à un collectif qui nous dépasse, nous rassemble.

 

Mais il nous pousse aussi à avoir une vision dichotomique.

Il nous amène à attribuer nos succès à nos endogroupes et nos échecs aux exogroupes.

L’existence même de ces groupes entraine souvent la diffusion de stéréotypes et de préjugés sur les autres groupes. Les hommes et les femmes, les homos et les hétéros, les Français et les étrangers, les jeunes et les vieux, la compta et le marketing…

Et quand l’appartenance à groupe est trop saillante, les préjugés à l’endroit de l’exogroupe peuvent entrainer des conflits qui, à minima, entrainent des discriminations, au pire de la violence.

 

Alors, comment neutraliser ces biais ?

Individuellement, tout d’abord, en prenant conscience de nos propres endogroupes. Pas pour en sortir, mais pour anticiper nos biais et chercher à les limiter. Quand un membre de notre groupe est en conflit avec une personne d’un autre groupe, nous aurons par réflexe tendance à le défendre. Faire un pas de côté pour chercher une solution est souvent plus efficace que de suivre ce premier réflexe.

Pour cela, il nous faut chercher à connaître et à comprendre les réalités des membres des autres groupes. D’autant plus pour ceux qui nous semblent les plus éloigner. Il nous faut chercher à dompter nos stéréotypes en restant en quête de complexité. Autrement dit, se décentrer. Chercher à se mettre dans les chaussures de l’autre, à voir ce qu’il voit, à interpréter selon sa position, à comprendre ses préoccupations, ses problématiques, ses enjeux, ses réalités.

Collectivement, ensuite, en agissant sur ce qui nous rassemble. Sans chercher à imposer la vision de son groupe, mais en travaillant sur une identité supra dans laquelle tout le monde peut se retrouver.

Notre intérêt commun à ce qu’une solution soit trouvée entre deux services.

Notre intérêt commun à faire en sorte de supprimer les inégalités dont nous avons tous et toutes hérité.

Notre intérêt commun à ce que l’égalité des droits soit appliquée et à ce que l’égalité des chances soit respectée afin que nous puissions nous projeter à égale dignité.

Notre intérêt commun à ce que la réussite collective prime sur les réussites individuelles.

Cette vision s’incarne au travers des valeurs de l’entreprise, qui ne supprime pas les endogroupes, mais qui leur permet de coopérer dans un cadre apaisé et qui révèle tous les potentiels.

 

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