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La campagne de testings du gouvernement sur les discriminations à l’embauche va démarrer. La publication des noms des entreprises épinglées est peu probable. Des entreprises sollicitent elles-mêmes des testings mais restent en général discrètes sur les résultats.

Comme il l’avait annoncé, le gouvernement va prochainement faire réaliser une campagne de testings pour repérer les discriminations à l’embauche dans les entreprises. L’appel d’offres pour la réalisation de cette prestation, consistant à comparer le traitement de deux candidatures fictives similaires différant uniquement par certaines caractéristiques, précise qu’il s’agit de mesurer les discriminations liées à l’origine immigrée dans « quelques dizaines » d’entreprises employant plus de 1 000 salariés en France métropolitaine, et que les candidats devront être des hommes et des femmes.
« Testing et pénalisation, c’est la bonne méthode ».

Que les DRH se rassurent : les noms des entreprises épinglées demeureront confidentiels ! C’est quasi certain. Cette campagne, qui devrait se dérouler entre mars et juillet, pour des résultats sans doute à l’automne, est « destinée à favoriser une prise de conscience de la part des entreprises », a assuré le ministère du Travail au mois de décembre.

Celui-ci n’a pas souhaité nous préciser ce qu’il comptait faire des résultats. Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a pour sa part déclaré le 5 février : « Testing et pénalisation, c’est la bonne méthode », sans plus de précision. Toutefois, plusieurs membres du groupe de dialogue “Sciberras” sur « la lutte contre les discriminations en entreprise », qui a proposé les modalités dutesting, l’assurent : sa visée est pédagogique : « La proposition que nous avons faite n’est surtout pas de faire du name and shame », déclare Bruce Roch, secrétaire de l’Association française des managers de la diversité (AFMD) et membre du groupe de dialogue Sciberras.

Pas de name and shame. Les pouvoirs publics auront sans doute à cœur de ne pas renouveler l’expérience de 2007. À l’issue d’untesting sur l’âge et l’origine, réalisée sous l’égide de la Halde (aujourd’hui Défenseur des droits), les noms des trois entreprises – parmi vingt testées – soupçonnées d’avoir des pratiques de recrutement discriminatoires avaient alors été rendus publics.

Épinglés, Mercuri Urval, le Crédit Agricole et surtout Accor avaient contesté la méthode. Quoique ces entreprises aient pu procéder à un examen contradictoire des résultats et faire part de leurs remarques, elles n’ont jamais accepté les conclusions de l’étude, soutenues en cela par l’ensemble du monde patronal. Depuis cet épisode, aucun gouvernement n’a plus tenté le name and shame  une méthode « contre-productive », selon Aline Crépin, directrice RSE de Randstad, également membre du groupe de dialogue.

Elle estime que l’intérêt du testing du gouvernement est d’abord de « remettre la lutte contre les discriminations sur le devant de la scène, après une période de flottement ». Elle pense au label Diversité, que le gouvernement a décidé de réformer il y a un peu plus d’un an, en l’ouvrant aux PME et à la Fonction publique et en le rapprochant du label Égalité, mais dont le chantier paraît ne pas avancer.
Un déni encore important. Si les associations du monde de la diversité – en général membres du groupe Sciberras – soutiennent évidemment le testing du gouvernement, aucune n’a été informée des intentions de ce dernier, et leurs analyses sont assez divergentes sur l’intérêt de la campagne […]
Emmanuel Franck
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