Selon une étude de l’Apec, les femmes évoquent principalement des faits de discrimination salariale et de carrière ou encore des cas de harcèlement. Les hommes sont quant à eux 43% à affirmer avoir été victimes de discrimination dans leur carrière.
Les femmes se disent davantage victimes de discrimination au travail que les hommes. C’est le constat d’une étude* de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) rendue publique ce jeudi: 51% des femmes travaillant dans une entreprise privée française disent avoir été victimes de discrimination dans leur carrière, contre 43% des hommes interrogés.
Selon l’étude, les femmes relatent le plus souvent des faits de discrimination salariale et de carrière, des cas de harcèlement (moral ou sexuel) et enfin des propos ou attitudes sexistes. Les hommes citent davantage les discriminations à l’embauche, les sanctions disciplinaires, voire les licenciements. D’après les salariés dans leur ensemble (hommes et femmes confondus), les discriminations touchent d’abord les promotions et évolutions professionnelles (21%), les écarts de salaire (19%) et dans une moindre mesure le harcèlement moral ou sexuel (13%).
Autre constat: quatre ans après la mise en place de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, 63% des salariés du privé estiment que les inégalités dans les entreprises en France sont restées stables depuis 5 ans (ce chiffre atteint 70% chez les femmes, contre 57% chez les hommes). 24% des salariés estiment par ailleurs que les inégalités se sont réduites tandis que 13% considèrent qu’elles se sont accrues.
Les inégalités sont vécues plus fortement par les femmes
Dans son étude, l’Apec met en exergue «une grande distorsion entre la perception des femmes et celle des hommes». À la question «dans l’entreprise, les chances de réussite sont-elles les mêmes pour tous?», les hommes répondent «oui» à 83% tandis que ce chiffre n’est que de 63% chez les femmes.
Les femmes constatent également de nombreuses situations inégalitaires concernant la progression salariale, l’attribution de postes à responsabilité ou encore l’évolution professionnelle. «Même si souvent les hommes ont conscience de ces disparités, on s’aperçoit que les femmes les ressentent encore plus vivement», explique l’Apec. 80% des femmes font le constat qu’il est plus facile pour un homme d’obtenir un poste à responsabilités (66% des hommes partagent cet avis), 78% des femmes constatent que leur évolution salariale est plus lente que celle des hommes (58% des hommes le pensent également) et 62% des femmes estiment qu’une mère est freinée dans son évolution professionnelle (54% des hommes sont du même avis).
Enfin, tous salariés confondus, 54% estiment qu’à compétences égales, c’est le recrutement d’un jeune homme qui est privilégié au détriment d’une jeune femme.
Plus d’indulgence envers sa propre entreprise
L’étude de l’Apec montre enfin que les salariés sont bien moins critiques envers leur propre entreprise concernant la perception de la situation des femmes. Ainsi, 27% des salariés interrogés considèrent que la situation des femmes et des hommes dans les entreprises françaises est égalitaire alors qu’ils sont 50% à déclarer qu’il n’y a pas de différence au sein de leur propre entreprise. «Il existe donc une forme de bienveillance vis-à-vis de sa propre entreprise, qui peut laisser à penser que les conditions s’améliorent dans ce que les salariés vivent au quotidien», note l’Apec. De plus, 74% des salariés considèrent que, dans leur entreprise, «les hommes et les femmes possèdent les mêmes chances de réussite».
Pour rappel, des associations féministes et des représentants syndicaux appellent les hommes et les femmes à dénoncer les inégalités professionnelles en se mobilisant ce jeudi à partir de 15h40. L’objectif est de marquer l’heure à partir de laquelle les femmes commencent à travailler gratuitement.
*Cette étude a été réalisée en octobre et novembre 2017 en ligne, auprès d’un échantillon représentatif de 1.508 salariés d’entreprises privées françaises employant 50 personnes ou plus.