Louise Michel est née le 29 mai 1830. Actrice majeure de la Commune de Paris, elle était institutrice, féministe et anarchiste.
L’institutrice engagée
Dotée d’une solide éducation inspirée des idées libérales de Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, Louise Michel s’installe à Paris en 1856. Pendant 15 ans, elle mène une activité intense rythmée par plusieurs ouvertures d’écoles, par le militantisme et par l’écriture de poèmes qu’elle a en partie adressés à Victor Hugo sous le pseudonyme d’« Enjolras », personnage fictif des Misérables, devenu ensuite une figure emblématique du mouvement révolutionnaire parisien du XIXe siècle. Elle se construit un esprit critique et militant pendant les cours d’instruction populaire de Jules Favre. Elle fréquente les milieux révolutionnaires et se rapproche de Jules Vallès et Eugène Varlin. En 1869, elle est nommée secrétaire de la Société démocratique de moralisation qui vient en aide aux ouvrières et elle adhère au mouvement blanquiste, fondé par Auguste Blanqui. Elle collabore au journal Le Cri du Peuple, créé en 1871 par Jules Vallès.
Louise Michel, la Communarde
Elle a quarante ans lorsqu’elle rejoint le Comité de Vigilance de Montmartre. La mémoire collective se souviendra d’elle lorsque, le 22 janvier 1871, en uniforme de la garde nationale, elle fera feu sur l’Hôtel de Ville de Paris. Militante remarquable et mémorable, elle est à la fois propagandiste, garde au sein du 61ème bataillon de Montmartre, combattante les armes à la main et ambulancière. Les 17 et 18 mars, on la retrouve lors de « l’affaire des canons de la garde nationale » – riposte des Parisiens à la décision du gouvernement de leur retirer leurs armes et leurs canons – qui marque le début de la Commune de Paris.
Au printemps, d’avril à mai sans interruption, elle est de tous les combats, de toutes les barricades (Clamart, Issy-les-Moulineaux, Neuilly…etc.). Clignancourt sera sa dernière bataille : après avoir tiré plusieurs coups de feu, elle se rend en échange de la libération de sa mère qui a été arrêtée à sa place. Immédiatement emprisonnée au camp de Satory près de Versailles, elle assiste aux exécutions de ses camarades dont son ami Théophile Ferré. Après 20 mois de prison, elle est condamnée à la déportation. La presse versaillaise partisane de Thiers la surnomme alors « La Louve avide de sang ».
Louise Michel, défenseuse des Kanaks
Elle est déportée en Nouvelle Calédonie en 1873 pendant 7 ans. Sur place, elle défend les Kanaks en mettant en place des cours d’instruction, en luttant contre leur répression et en prenant leur défense lorsqu’ils se révoltent en 1878.
De retour à Paris, Louise Michel renoue avec le militantisme
Elle rentre à Paris en novembre 1880. Lors d’un meeting en mars 1882, elle se prononce pour l’adoption du drapeau noir par les anarchistes. En mars 1883, elle participe à une manifestation et elle est condamnée à 6 mois de prison. Graciée par Jules Grévy en 1886, elle est à nouveau condamnée 6 mois plus tard à 4 mois de prison pour avoir prononcé un discours de défense des mineurs de Decazeville aux côtés de Jules Guesde et Paul Lafargue. En 1887, elle prend position contre la peine de mort.
En avril 1890, elle est arrêtée suite à une violente manifestation qui a dégénéré dans les rues de Vienne. Libérée à 60 ans, elle s’installe à Londres où elle fonde une école libertaire.
Louise Michel, devenue l’incarnation de la figure révolutionnaire et anarchiste, multiplie les conférences, les réunions publiques et les actions militantes à Paris, à Londres mais aussi en Algérie. Elle fonde le journal Le Libertaire avec Sébastien Faure en 1895.
Elle meurt le 9 janvier 1905 et ses funérailles le 22 janvier à Paris donnent lieu à un rassemblement de plusieurs milliers de personnes.
Louise Michel, la féministe
« Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. En attendant, la femme est toujours, comme le disait le vieux Molière, le potage de l’homme. Le sexe fort descend jusqu’à flatter l’autre en le qualifiant de beau sexe. Il y a fichtre longtemps que nous avons fait justice de cette force-là, et nous sommes pas mal de révoltées, […] ne comprenant pas qu’on s’occupe davantage des sexes que de la couleur de la peau. […] Jamais je n’ai compris qu’il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence. »