C’est un constat universel et banal. Mais en 52 minutes, un documentaire diffusé dernièrement sur Arte permet de bousculer quelques idées reçues.
Les femmes sont plus petites que les hommes : un documentaire diffusé sur Arte fait appel à la science pour tenter d’expliquer cette inégalité physique. Même chez les Européens du Nord, qui sont actuellement les plus grands du monde, la femme est dominée d’une quinzaine de centimètres en moyenne. Si le plus grand animal sur Terre est une femelle, la femelle baleine bleue, pourquoi les hommes sont-ils plus grands que les femmes ? À moins que la question ne soit mal posée : « Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes ? ». Sur un ton volontiers impertinent, avec la voix de Sophia Aram, ce documentaire de 52 minutes nous entraîne dans une histoire d’évolution, à la découverte d’un phénomène que les scientifiques appellent « dimorphisme sexuel de taille ».
La réalisatrice Véronique Kleiner a mené l’enquête auprès d’une quinzaine d’experts, dont plusieurs chercheurs du CNRS, invoquant la médecine, l’histoire, la biologie, la zoologie, l’anthropologie, la sociologie, l’ethnologie… Qui détient la bonne réponse ? L’ethnologue italienne de 1,49 mètre ou le paléoanthropologue américain de 1,87 mètre ? Une question en entraînant une autre, le film explore les pistes, faisant tomber au passage quelques clichés.
Les femmes auraient dû grandir
L’historien Laurent Heyberger, qui étudie la stature des populations, explique que la taille des humains évolue par cycles. Quand la stature d’une population diminue, ce sont les femmes qui rapetissent les premières. À l’inverse, lorsque la taille repart à la hausse, les hommes sont les premiers à gagner de la stature. Le pédiatre endocrinologue Jean-Claude Carel montre de son côté que les garçons grandissent plus longtemps que les filles. Ces différences de croissance sont « une observation », objecte le paléoanthropologue Michael Plavcan, « pas une explication ».
Et voilà Véronique Kleiner repartie en quête d’une réponse dans l’histoire évolutive des espèces. La différence de taille entre l’homme et la femme remonterait-elle à un passé de « compétition » entre mâles ou serait-elle liée à un autre type de sélection naturelle, comme la préférence des femelles pour les hommes de grande taille ? Le sociologue Nicolas Herpin, 1,66 m, nous apprend que « la taille idéale » pour un homme est de 1,82 m. Bien ! Mais on ne sait toujours pas pourquoi les femmes sont plus petites que les hommes.
Le documentaire démontre même que cette inégalité physique va à l’encontre de la logique obstétrique : les femmes auraient dû grandir au fil du temps, puisque ce sont elles qui doivent mettre au monde des bébés dotés d’un gros cerveau… Véronique Kleiner va puiser dans les rapports à l’alimentation une tout autre histoire, celle d' »une domination qu’on ne remarque pas tellement elle va de soi ». « Nos corps seraient ainsi l’expression concrète d’une inégalité imposée depuis des millénaires »… et que rien ne justifie, conclut Véronique Kleiner.
Source: AFP