Véritable réseau d’influence, le Club XXIème siècle veut changer les choses de l’intérieur. En faisant sauter le tabou des origines géographiques, ethniques ou religieuses dans les élites française.
Comment faire sauter le tabou des origines géographiques, ethniques ou religieuses dans les élites françaises? Le Club XXIème siècle, qui travaille depuis dix ans sur ces questions, propose un nouvel outil à l’usage des grandes entreprises: il publie la première édition de son « Annuaire des administrateurs indépendants », avec le soutien du Medef et de l’Institut français des administrateurs (IFA). Une démarche qui se veut positive, car si la loi Copé Zimmermann du 27 janvier 2011 a pu imposer des quotas de femmes dans les conseils d’administration pour briser la domination masculine, un tel dispositif n’est pas transposable en matière de diversité d’origines. Le droit français ne le permet pas.
Cet annuaire est l’aboutissement de dix-huit mois d’un travail auquel a été associé un cabinet de chasseurs de têtes, TM Partenaires. Pour l’instant, 24 noms et CV détaillés figurent dans cette liste, mais « notre objectif est d’avoir une centaine de profils en 2017 », souligne Éric del Cotto, qui a piloté ce projet au sein du Club. Ces administrateurs en puissance ont des parcours parfaits et cochent toutes les bonnes cases, voire plus. Quelques exemples: Jacques Galvani, un consultant diplômé de l’ENA et de l’Ecole des Mines, est passé par McKinsey, le groupe Lagardère et Publicis. Sofia Merlo, est passée par HEC avant d’effectuer un brillant parcours à BNP Paribas, où elle co-dirige l’activité de gestion de patrimoine. Alexandre Michelin, diplômé (entre autres) de Sciences Po Paris et ancien de Vivendi, est aujourd’hui associé de la plateforme Spicee.com. Beena Paradin, Essec-Université de Paris-Dauphine, est une ancienne d’Arthur D.Little et Conforama, qui dirige aujourd’hui la société d’agroalimentaire « bio » Beendhi, qu’elle a elle-même fondée. Dans la liste figurent aussi le consultant Hakim El-Karoui (Volentia), ancienne « plume » de Jean-Pierre Raffarin et premier président du Club, ou encore Elyes Jouini, un universitaire de haut vol, normalien, qui a assumé les fonctions de ministre de la réforme économique en Tunisie, lors du printemps démocratique de 2011.
« Nous rêvons d’une France qui serait fière de tous ses talents », a résumé l’avocat Haïba Ouassi, le président du Club, en présentant le 2 décembre cette initiative lancée en son temps par Najoua Arduini-El-Atfani (groupe Vinci), l’ancienne présidente. « Pourquoi cet annuaire peut-il changer les choses?, interroge-t-il. Parce que nous recevons des responsables et que nous les interpellons ». Véritable réseau d’influence, le Club XXIème siècle veut changer les choses de l’intérieur. « On voit bien les différences entre les entreprises internationales et les françaises, où la cooptation reste dominante », témoigne Alexandre Michelin, qui investit dans des start-up et considère que « c’est pareil chez les jeunes ». Même si cela en surprendra certains, Pierre Gattaz, le président du Medef, est exactement du même avis. A ses yeux, « il s’agit d’élargir les viviers de talents » dans une France qui « doit se mondialiser ». Si même le « patron des patrons » le dit…..