Quelques définitions préalables :
Immigrés : selon l’Insee, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger. C’est donc une personne française (par acquisition) ou étrangère vivant de façon régulière sur le territoire. Les touristes ne sont évidemment pas comptabilisés.
Descendant d’immigré : une personne née et résidant en France ayant au moins un parent immigré.
Réfugié : personne ayant obtenu l’asile.
Evolution de la population immigrée en France
La population immigrée a évolué plus ou moins rapidement depuis un siècle et augmente de façon constante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cependant, la proportion d’immigrées dans la population globale à augmenté jusqu’à la fin des années 70 pour ensuite diminuer jusqu’en 2000 et a de nouveau augmenté par la suite.
L’accroissement de la proportion d’immigrés à partir des années 2000 est lié à plusieurs facteurs. La mondialisation a entrainé une facilitation et une l’augmentation des échanges et de la circulation (trafic aérien notamment) et une augmentation du niveau de vie moyen à l’échelle mondiale ce qui tend à accroitre les mouvements de migration. En effet, l’augmentation du niveau de vie permet à plus de gens de pouvoir migrer pour étudier, travailler, rejoindre de la famille ou de quitter une région difficile.
L’accroissement de la proportion d’immigrés les dernières années est aussi lié à la baisse du taux de natalité en France et donc à la baisse du solde naturel (naissances moins décès). Ainsi, le même nombre d’immigrés à arriver il y a 20 ans ou aujourd’hui aura un effet différent sur la part qu’ils représentent dans la population.
L’INSEE précise également que lors du recensement des populations, elle ne pose pas de questions quant à la situation administrative des étrangers interrogés. Les estimations de population comportent donc les étrangers qui n’auraient pas de titre de séjours valides.
Population étrangère en Europe
La proportion d’étrangers en France en 2022 était légèrement inférieure à la moyenne des pays de l’Union européenne avec 7,7%
Décomposition de la population vivant en France selon le lieu de naissance et la nationalité en 2022 - Insee
Il y a souvent une confusion entre la population immigrée et la population étrangère. Comme le rappellent les définitions initiales, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger. De nombreuses personnes étrangères acquièrent la nationalité française chaque année. Elles sont alors comptabilisées comme immigrées naturalisées.
Ainsi, sur les 7 millions d'immigrés en France, 2,5 millions sont naturalisées.
Les étrangers nés en France existent malgré ce qu'on appelle abusivement le droit du sol. Une personne ne devient pas automatiquement française parce qu'elle est née en France, elle doit en faire la demande à l'approche de sa majorité. Il existe aussi des exceptions comme à Mayotte. Ces réalités expliquent pourquoi il y a presque 1 million d'étrangers nés en France.
Origines des immigrés
Répartition hommes / femmes des immigrés
Répartition par âges des immigrés en France
Les titres de séjours des étrangers en France
Les deux graphiques précédents représentent la répartition des titres de séjours pour l'ensemble des étrangers qui en disposent en 2022. La grande majorité des titres de séjours sont des titres familiaux dont on verra ce que cela signifie dans un graphique suivant.
Les titres renouvellement de plein droit ne précisent pas le motif initial de l'attribution du titre et donc ne permettent pas de savoir précisément les raisons pour lesquelles les personnes étaient venues en France.
Les titres attribués depuis 2000
L'évolution du nombre de titres de séjour attribués chaque année par motif depuis 2000 permet d'observer l'évolution des raisons des migrations en France.
On observe qu'après une augmentation dans des proportions similaires entre 2000 et 2003, les catégories qui ont le plus augmenté sont les titres économiques avec presque 4 fois plus de personnes à venir pour travailler en France en 2021 qu'en 2003. Viennent ensuite les titres humanitaires avec deux fois plus de titres attribués en 2021 qu'en 2003 et on voit aussi une augmentation significative du nombre d'étudiants qui sont passés de 45000 par an il y a 15 ans à près de 70000 aujourd'hui.
Les titres attribués en 2022
En 2022, les étudiants ont représenté la première catégorie des titres accordés par la France. Cette augmentation suit une dynamique qu’on observe dans de nombreux pays. Il faut aussi souligner que les indicateurs d’évaluation de performance des écoles et des universités dans le monde prennent en compte le nombre d’étudiants étrangers accueillis.
L’immigration familiale et économique sont les deux motifs suivants en proportion les plus importants.
Répartition des titres familiaux
La catégorie « familial » dans les titres de séjours représente une diversité de situations différentes.
Ainsi, en 2022 comme dans les années précédentes, le premier motif d’attribution d’un titre « familial » est le fait des conjoints de Français qui viennent vivre en France. Si on ajoute les parents de Français qui viennent vivre en France, c’est environ 45% des titres du motif « familial » qui concernent de la famille de français. Sur les 20 dernières années, environ 55% des titres octroyés pour des raisons familiales concernent de la famille de français.
Le regroupement familial concerne lui la famille de personne étrangères, en situation régulière et justifiant de ressources suffisantes pour subvenir aux besoins de sa famille. Cela concerne 16% des titres accordés en 2022 (environ 16000 personnes).
Répartition des titres de séjours "économiques"
Répartition des titres humanitaire
La majorité des titres humanitaires sont attribués aux réfugiés et apatrides suite à une décision favorable de l’OFPRA ou de la CNDA. En 2023, 1/3 des plus de 140000 demandes ont abouties à l’obtention du statut de réfugié. Pour comparaison, les demandes de statut « apatride » concernaient moins de 500 personnes en 2023.
La protection subsidiaire concerne des personnes qui ne rentrent pas dans le champ de la protection du droit d’asile, mais qui sont menacées de mort, torture… dans leur pays d’origine.
La France accueille en moyenne 5000 étrangers malades par an sur ces 20 dernières années. Ce sont des personnes qui ne peuvent pas être soignées dans leurs pays d’origine.
Répartition des titres divers
Niveau de diplôme des immigrés et descendants d'immigrés
Les immigrés entre 30 et 64 ans sont moins diplômés que les non-immigrés. Ils sont ainsi presque 40% à n’avoir aucun diplôme, le brevet ou un CEP contre 16% des non-immigrés.
Leurs enfants sont quant à eux à des niveaux de diplôme similaires aux non-immigrés.
Comparaison des catégories socio-professionnelles
Les immigrés et les descendants d’immigrés représentent une part plus importante des ouvriers et des employés en France que la population non-immigrée.
Les hommes immigrés et descendants d’immigrés sont moins nombreux en proportion parmi les cadres, mais plus nombreux parmi les artisans, commerçants et chefs d’entreprises.
Promotions et déclassement
Quel que soit le niveau de diplôme, les immigrés et descendants d’immigrés sont moins nombreux, en proportion, à avoir obtenu une promotion lors des 5 dernières années.
Plus le niveau de diplôme est important, plus l’écart entre les non-immigrés et les autres est important.
Les immigrés et leurs descendants sont plus souvent en situation de déclassement professionnel. Cela signifie qu’ils travaillent plus souvent dans un métier ou le niveau de diplôme moyen observé est inférieur au leur.
Ce phénomène peut s’expliquer en partie par les études qui montrent la persistance des discriminations et qui conduisent les personnes à accepter des métiers en deçà de leurs qualifications.
Vie de couple des immigrés
Vie de couple des descendants d'immigrés
Contrairement aux idées reçues sur le fait que les immigrés et leurs descendants vivraient de façon communautaire en France, les enquêtes montrent que les 2/3 des descendants d’immigrés se marient avec des personnes sans ascendance migratoire directe.
Quand on regarde les mariages des descendants d’immigrés avec une personne dont les parents sont issus du même pays, on s’aperçoit qu’ils sont très minoritaires en France.
Aux Etats-Unis, les mariages dits « inter-raciaux » représentent 20% des mariages en 2022.