Depuis 1972, la participation croissante des femmes au monde du travail a eu un plus grand impact sur le PIB norvégien que l’ensemble de la richesse pétrolière.
C’est ce qui ressort d’un rapport de l’institut de recherches sociales d’Oslo où l’on apprend que si la proportion de femmes au travail était demeurée la même qu’en 1972, le PIB norvégien aurait été privé de 3 300 milliards de couronnes (523 milliards CAD ou 372 milliards d’euros). D’autre part, on estime que si les femmes avaient travaillé autant que les hommes pendant cette quarantaine d’années, le pays aurait vu son PIB augmenté de 2 300 milliards de couronnes (364 milliards CAD ou 259 milliards d’euros). (1)
La proportion des femmes au travail est passée de 50% au début des années 70 à plus de 75% aujourd’hui, soit 16% au-dessus de la moyenne des pays industrialisés de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).
Alors qu’il était premier ministre, Jens Stoltenberg déclarait, chiffres à l’appui, que si la force de travail des femmes norvégiennes devait être réduite à la moyenne de l’OCDE, la perte de production serait d’une valeur équivalente aux revenus de la ressource pétrolière, y compris de celle qui est encore enfouie dans le sol (2012).
À la base du modèle norvégien
Suite à la promulgation de la loi sur l’égalité des genres en 1978, on s’est rendu compte que « l’égalité ne survenait pas d’elle-même ». Des mesures concrètes ont été nécessaires à plusieurs niveaux afin de mettre en place une politique favorisant l’accès des femmes à l’emploi.
En gros – sans parler de la transparence des pouvoirs publics et d’une culture du consensus qui oblige la collaboration entre les formations politiques, la recette du modèle norvégien est assez simple: le droit pour tous à une place en garderie et une politique de congés parentaux qui libèrent les femmes du dilemme carrière / famille.
Pour ce qui est des congés, les couples de nouveaux parents doivent se partager 49 semaines à 100% du salaire, ou 59 semaines à 80% du salaire (un minimum de 10 semaines étant obligatoirement alloué au père, 14 à la mère, le reste étant à partager librement).
En outre, la loi du travail assure aux parents la possibilité de prendre congé sans perte de salaire lorsque les enfants sont malades.
Au bout des congés parentaux, une place en garderie est assuré. Des garderies cinq étoiles qui ne s’affublent pas de l’épithète d’« éducatives » mais qui le sont véritablement, et abordables puisque financées à environ 85% par la commune et à 15% par les parents. Le faible coût d’inscription combiné à la grande qualité des garderies font en sorte que l’immense majorité des parents choisissent d’y envoyer leurs enfants et de retourner au travail. Des études ont par ailleurs montré le rôle prépondérant joué par les garderies dans l’intégration des nouveaux arrivants, l’atténuation des différences socio-économiques et la réussite ultérieure des bambins dans le système scolaire.
Encore du chemin à faire
Line Berg, de l’université des sciences et technologies de Trondheim (NTNU), apporte un bémol à l’image égalitaire de la Norvège. Son travail consiste à recruter des étudiantes et à établir des mesures de discrimination positive à la sélection dans des secteurs d’avenir où les femmes demeurent largement sous-représentées, comme l’informatique ou les technologies de pointe.
« La Norvège compte parmi les pays où les femmes travaillent le plus, avec la Finlande et L’Islande, mais elle encore très loin derrière en ce qui concerne la proportion de femmes qui oeuvrent dans des secteurs non traditionnels. Les stéréotypes sont encore vrais : en grande majorité, les Norvégiennes occupent des emplois dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la fonction publique. »
« Les femmes sont aussi plus nombreuses à occuper des postes à temps partiel et nettement moins nombreuses dans les postes de direction ».
Enfin, notons qu’il est généralement admis que les femmes norvégiennes s’acquittent de la plus grande part des travaux domestiques et qu’elles s’impliquent davantage dans les soins apportés aux enfants ou aux parents âgés. Autant de contributions dont on ne mesure pas les impacts sur l’économie nationale.
Source: http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2017/02/18/norvege-egalite-homme-femme-plus-payante-petrole