« Attend trois ans et tu verras si c’est viable. »
Cette phrase, je l’ai entendu de très nombreuses fois lors de la création d’entre-autre. Réalité ou non, cela devient un cap psychologique à passer, un challenge quotidien, une ligne d’horizon parfois exaltante, parfois angoissante.
Mais ça y est ! Le cap est passé ! Ça fait officiellement plus de trois ans que j’ai créé entre-autre et que j’en vis.
J’ai choisi de faire un petit retour en arrière pour vous expliquer la genèse de ce projet un peu fou !
« Comment changer le monde qui nous entoure ? »
Cette question m’a suivi et me suivra encore quelques années. C’est cette question qui m’a amené à m’engager dès 17 ans auprès d’associations et à progressivement passer mon temps libre à militer pour SOS Racisme.
Avec ce constat : si nous n’arrivons pas collectivement à nous affranchir du rejet de l’Autre sur une question aussi primaire que la couleur de peau, alors comment pourrions-nous collectivement construire un avenir plus juste pour chacun et chacune d’entre nous, plus respectueux de l’environnement, plus égalitaire ?
La formation que j’ai reçue à SOS Racisme m’a permis de mettre des mots sur des phénomènes sociaux, de comprendre l’environnement dans lequel j’évolue, de comprendre le fonctionnement et les leviers de notre démocratie mais surtout de voyager !
Pas des voyages en avion aux quatre coins du monde mais bien des voyages dans des réalités différentes de la mienne.
Après plusieurs années d’activisme à Rennes, je suis arrivé à Paris pour assurer la direction nationale de l’association. Le voyage a continué. Un matin dans un collège au cœur d’un quartier populaire, l’après-midi en rendez-vous dans un ministère, le soir à refaire le monde avec des militants. C’est ce voyage intellectuel qui vous nourrit, qui vous montre la diversité des réalités, qui vous permet de saisir le référentiel de l’Autre.
Et par miroir qui vous construit. Notre identité se construit par la confrontation à l’Autre dans ses différences, dans ses singularités. Ce rapport à l’Altérité m’a façonné, m’a permis de grandir ; trop vite parfois ; mais il m’a donné un goût, une conviction : nos valeurs sont le plus puissant outil de transformation de la société.
A 27 ans, j’avais deux M2 en poche et une expérience de directeur d’une structure nationalement connue pour sa main jaune et son slogan.
Que faire ? Comment continuer à voyager ? Pourquoi pas la formation ?
Depuis quelques mois je faisais déjà quelques formations professionnelles et je sentais que cette expérience associative, même si elle était plus tournée vers l’action publique, pouvait me permettre de changer les choses au sein des entreprises.
Alors c’est parti, la décision est prise et sera : entre-autre.
Changement de décors, de référentiel, de paradigme : nouveau challenge.
Il m’aura fallu de nombreuses remises en question, de nombreux ajustements, beaucoup de bricolage méthodologique, de la patiente, de la persévérance et de l’humilité pour arriver au bout de ces trois ans.
J’ai fait des rencontres formidables, découvert avec vous les nombreuses limites de la théorie, essayé de nombreuses solutions, bricolé de nombreuses méthodes, envoyé beaucoup (beaucoup !) d’articles et de newsletters.
Et finalement, sans encore y croire parfois : déjà trois ans !
Alors merci ! Merci de m’avoir permis de continuer de voyager, de m’avoir partagé vos réalités, de m’avoir permis de continuer de grandir, de m’enrichir, de m’épanouir.
Aujourd’hui je vais moins m’éparpiller ! Me recentrer sur une conviction qui vient de mon engagement associatif : il n’y a pas besoin de beaucoup de personnes pour transformer une entreprise et pour faire bouger les normes qui conduisent à encore trop d’inégalités.
Quelques personnes très bien formées, présentes dans tous les espaces de l’entreprises pourront entrainer des collègues, convaincre, déconstruire les préjugés, porter un idéal qui fera norme demain. Il faut inventer un intrapreneuriat de la diversité qui portera un socle de valeurs inclusives vecteur de sens pour chacun et chacune.
Voilà pour ce projet un peu fou que j’aurais toujours autant de plaisir à construire avec vous pour encore, je l’espère, de nombreuses années.
Etienne Allais